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Menacée l’abeille noire ?

Menacée l’abeille noire ?
Cet article à été écrit par L'Esprit Jardin
16 août 2016

L’abeille noire existe depuis des millénaires dans nos contrées. On l’appelle « noire », mais en réalité elle est globalement foncée et brune.  Elle s’est établie en Europe occidentale avant l’apparition de l’homme. Au cours de sa longue histoire, elle a résisté à plusieurs catastrophes climatiques, notamment à plusieurs glaciations, mais elle s’est adaptée à ces changements importants de climats et de flore. 

Victorieuse de ces aléas, elle partage aujourd’hui les ressources de nourriture avec les nombreuses autres espèces d’abeilles qui se relaient inlassablement pour féconder les fleurs et assurer la reproduction des végétaux.  De nos jours, l’abeille noire subsiste dans un périmètre qui va de la frontière de l’Espagne à la Scandinavie.

Une abeille très rustique

On dit à raison que c’est une espèce très rustique.  Robuste, elle est capable de parcourir de longues distances pour trouver sa nourriture lorsque celle-ci se fait rare. Ses muscles thoraciques alaires (= relatifs à l’aile) sont les plus développés parmi toutes les races d’abeilles. Le professeur autrichien Karl Von Frisch, prix Nobel en 1973 pour sa célèbre découverte de la danse des abeilles, a observé la présence de butineuses d’une race proche de l’abeille noire (légèrement moins « musclée ») à une distance de 9 kilomètres de la ruche. Grande voyageuse, elle n’en est pas moins attentive à la dépense. De fait, pour affronter des saisons froides et humides, l’abeille noire doit être économe et prudente. Quand le printemps démarre, la colonie hésite à se reproduire puisqu’un coup de froid de dernière minute reste à craindre. Son démarrage est parfois tardif mais, dès que celui-ci est lancé, l’abeille noire déploie sa forte constitution pour rattraper son retard.

Chez l’abeille, le mode de reproduction a de quoi surprendre. En effet, la reine réalise son accouplement en vol, à une hauteur de 15 à 40 mètres, dans des espaces inchangés d’une année sur l’autre, appelés congrégations. Une fois le vol nuptial réalisé, cette reine mère vivra cloîtrée dans la ruche, occupée à pondre jusqu’à 1500 œufs par jour en haute saison, pour n’en sortir qu’à l’occasion de l’essaimage.

Un animal en danger

Depuis longtemps, de bons auteurs ont affirmé que le plus grand ennemi de l’abeille n’est autre que l’homme. Certes, il y a les maladies, il y a l’inquiétant acarien Varroa, certains oiseaux, les virus, des champignons, de rares insectes nuisibles, mais c’est l’homme qui lui subtilise son miel.  Pourtant, l’abeille trouve avantage à être hébergée dans des ruches qu’elle ne doit pas construire, et elle bénéficie d’une alimentation de substitution faite de sirop de sucre. Pour autant, l’apiculture industrielle tend à transformer l’animal en machine-outil, sans considération pour le travail de pollinisation capital de cette gent ailée.

Au XXIe siècle, l’équilibre de nos échanges avec l’abeille devient critique, d’autant que l’homme modifie l’habitat naturel des abeilles et de tous les pollinisateurs dans des proportions jamais atteintes: il remplace les haies d’aubépines par du fil de fer barbelé, il répand des insecticides et des fongicides qui ruinent la santé des abeilles ; il les déplace partout dans le monde introduisant ainsi des maladies et des parasites inconnus. Enfin, il sélectionne les races les plus rentables, ce qui a pour effet de les obliger à se croiser et à se mélanger aux races locales jusqu’à menacer définitivement leur survie génétique. À cause de l’inconscience des apiculteurs affamés de rentabilité, l’abeille noire est un patrimoine naturel en voie de disparition.

En région wallonne, la prise de conscience de ces menaces par les autorités publiques ne date pas d’hier, heureusement, mais il reste urgent de prendre des mesures fortes pour que l’abeille noire continue à vivre.


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